Première
visite du genre depuis l'élection d'Abdel Fatah al-Sissi, une
délégation de six députés français s’est rendue au Caire du 15 au 19
juillet. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, y a aussi
fait une escale rapide pour soutenir l'initiative égyptienne dans la
résolution du conflit israélo-palestinien.
Depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi, le 30
juin 2013, aucune visite officielle française n'avait été effectuée au
Caire. Le dernier déplacement d'un ministre remontait à septembre 2012.
Le déplacement des 6 députés français, qui a été doublé de la visite
expresse de Laurent Fabius, était ainsi destinée à rétablir le dialogue
avec la grande puissance moyen-orientale, qui gardait un goût amer de
cette distance française.
« Nous ne sommes pas venus en Egypte pour donner des leçons mais pour
écouter, comprendre et faire passer un message d’amitié », précise
Philippe Folliot (UDI), député du Tarn et président du groupe d’amitié
France-Égypte à l’assemblée nationale.
Les six députés français de cette délégation (Folliot, Georges Fenech
(UMP), Jean-Claude Guibal (UMP), Jean-Luc Reitzer (UMP), Marie Récalde
(PS), Gwendal Rouillard (PS)) se sont entretenus plus d’une heure avec
le chef de l'État égyptien, Abdel Fatah al-Sissi, le 17 juillet qui a
d’emblée tenu à préciser sa pensée sur la question des droits de l’homme
et les condamnations de masse prononcées par des tribunaux. « Les
droits de l’homme, c’est quoi pour vous ? D’abord, il faut le droit à
l’éducation, à la santé, à la sécurité...», a-t-il expliqué aux députés
français. « L’armée se retournera contre moi si je vais à l’encontre du
peuple », a-t-il coutume de répéter.
Sissi soutient l'intervention française au Sahel et réaffirme la présence égyptienne dans les opérations de maintien de la paix
La sécurité et le développement économique d’abord, tel est en
substance le discours tenu par l’homme fort de l’Egypte qui a exprimé
derechef sa principale préoccupation: la lutte contre le terrorisme. Et
si l’ancien président soutenu par les Frères musulmans Mohamed Morsi
avait fermement dénoncé l’intervention française au Mali, Sissi a tenu à
souligner son soutien à la France dans cette guerre contre le
terrorisme et sa volonté de contribuer aux opérations de maintien de la
paix en Afrique.
Il a tenu à mettre en garde Paris contre le retour des jihadistes
partis en Syrie et a souligné la gravité de la situation sécuritaire en
Libye.
"Nous avons pu constater le retour de l’Égypte sur la scène régionale
et c’est indispensable pour la stabilité", souligne Gwendal Rouillard,
membre de la commission de la Défense nationale et des Forces armées de
l'Assemblée nationale, auteur d’un rapport sur le dispositif militaire
en Afrique.
Emmanuel Dupuy, président de l’institut Sécurité et prospective en
Europe qui participe à la délégation parlementaire au Caire, ajoute: "
Le retour de l’Égypte sur la scène africaine exprimé par Sissi lors du 23è sommet de l’Union africaine a maintenant besoin d'être accompagné d’actes concrets. On assiste à la première étape de l’agenda africain de l'Égypte."
Le 18 juillet, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a
fait une étape surprise au Caire en provenance d’Abidjan pour plaider un
cessez-le-feu "urgent et impérieux" à Gaza et réaffirmer son soutien à
l’incertaine initiative égyptienne pour une trêve dans le conflit
israaélo-palestinien.
Avec Fabius, les députés français ont pu partager leurs vues et
analyses et exprimer leur volonté d'exaucer le voeu égyptien de voir
modifier les consignes aux voyageurs du ministère des Affaires
étrangères, jugées strictes, qui freinent considérablement la venue de
touristes français en Égypte. Un enjeu considérable pour l'économie du
pays.