Hier matin à l’Assemblée Nationale, était débattue une proposition de loi visant à réprimer la contestation de l’existence des génocides reconnus par la loi. Cette proposition de loi déposée par une de mes collègues concerne indirectement la Turquie et le Génocide Arménien, perpétrée durant la 1ère guerre mondiale. J’ai voté contre cette proposition de loi et j’ai tenu à le faire savoir, très librement, contre l’avis de mon Groupe Parlementaire et du Gouvernement !
De fait, je considère que l’Assemblée Nationale n’a pas compétence à revisiter l’Histoire, en instaurant des Lois mémorielles. Même si cette loi ne vise pas essentiellement le génocide arménien, il n’en demeure pas moins que le Peuple Turc se sente visé.
Dans un passé plus récent, des communautés ont été exterminées sans que l’Assemblée Nationale n’ait eu à légiférer sur les responsabilités de chacun. Que ce soit au Cambodge, au Rwanda, ou plus proche de chez-nous dans les Balkans, avec le massacre de Srebrenica.
Je considère que chaque pays a malheureusement sa page d’ombre. Je mesure que certains peuples souffrent encore des agissements de l’Histoire, mais nous n’avons pas de leçons à donner.
Quelle aurait été notre réaction si le Gouvernement Turc légiférait sur les erreurs de notre passé ?
Outre, les relations fraternelles qui lient la Turquie à la France, ce Pays est un partenaire incontournable de l’Union Européenne par sa situation géostratégique. Un partenaire sur le plan de la sécurité, par sa qualité de membre de l’Assemblée de l’Otan, et son influence grandissante dans les pays du Moyen-Orient ou de l’Asie (Syrie, Afghanistan). La Turquie est aussi un partenaire économique. Avec 73 millions d’habitants, ce pays compte plus de 300 entreprises françaises et nous sommes le troisième investisseur étranger en Turquie.
Cette Loi n’apportera que des conséquences négatives pour notre pays et notre commerce extérieur. Regardons vers l’avenir. Notre pays subit une crise économique sans précédent. Tâchons de garder le cap et de sortir notre pays de l’ornière, plutôt que de s’appesantir sur le passé des autres ! Ce grand écart est particulièrement dangereux ! De grâce, laissons aux historiens et aux scientifiques le soin d’écrire l’Histoire.